Projets étudiants : Elise Caron / projet sur l’infertilité

Bonjour à tous,
Je vous présente Elise Caron designer industriel, sensible aux questions médicales et au milieu de la santé. Elle travaille avec moi au sein de MedicalDesign. En parallèle elle travaille dans un grand atelier collaboratif à Ivry sur seine, Le Techshop, où elle accompagne les projets.

Pour introduire son travail voici son projet de diplôme, qui date de 2014, mais qui apporte un regard de designer de service sur une question restée tabou : l’infertilité.

« Tout début de projet est une phase d’immersion, de prospection, de recherche, d’interviews. Que cela signifie t-il de concevoir un enfant sans faire l’amour, en dehors d’un foyer et entouré par le corps médical? Il est question ici de dépossession de son corps, de sentiment d’injustice et d’incompréhension. Les couples rencontrés lors de mes recherches étaient unanimes : le plus difficile n’est pas de traverser l’épreuve médicale et de subir les examens, les injections et les interventions. Le challenge des couples qui s’engagent dans un processus d’Assistance Médicale à la Procréation est de rester soudés, de communiquer ses sentiments et ses peurs, de garder le cap main dans la main et de trouver des personnes avec qui en échanger librement.


Le parcours est souvent long (18 mois à 8 ans) il est important pour les couples de pouvoir gérer leur quotidien d’un point de vue pratique mais aussi d’un point de vue émotionnel. Du côté du corps médical, les intervenants essayent du mieux qu’ils peuvent d’accompagner les couples lorsqu’ils sont à l’hôpital, mais le manque de temps reste problématique pour être véritablement à l’écoute.


Pour répondre à ces besoins, j’ai proposé le projet intitulé «La traversée». Ce service accompagne les couples grâce à trois outils. Un site web et une application mobile permettent aux conjoints de s’organiser, de gérer leurs rendez vous et leur posologie, mais aussi communiquer au jour le jour entre eux, avec le corps médical et avec d’autres couples en AMP ce qui forme une communauté de partage. Cela leur permet d’obtenir du soutient non pas uniquement à l’hôpital mais n’importe où et à n’importe quel moment, car l’AMP se vie au quotidien.

Le troisième outil, est un objet connecté à domicile : « Maurice ». Interface physique de communication sensible, il ré-introduit de la chaleur dans un quotidien soumis à la rigidité de la médecine en délivrant des missives en papier. Il permet d’échanger d’une nouvelle manière et de dédramatiser. Le papier étant redondant dans les processus médicaux, l’objet joue avec cette matière et avec la liberté qu’elle implique pour permettre au couple de s’approprier ces missives et d’en créer du souvenir en les conservant, en les mettant sur le frigo…etc. La médiation se ferait idéalement par des spécialistes en santé, garant du bon fonctionnement du service.


Selon Elise, il est évident que le milieu de la procréation, de la gynécologie et de l’urologie sont des terrains encore relativement sauvage pour le design. L’ergonomie y est souvent débattue et intégrée mais la question de la sensibilité et de la pudeur est encore difficilement soulevée, par manque de présence de designer produit et de service dans ces milieux rudes mais riches. Encore une fois, le design permet d’apporter un regard global et neuf sur un système mais intègre surtout une part émotionnelle et intuitive qui ne peut être mise de côté lorsque l’on aborde un sujet aussi intime que sa capacité à faire un enfant. 
Mais que faire de cette idée de ce projet ?

Enfin, il est assez difficile pour les jeunes designer de propulser les idées du diplôme jusqu’à la réalisation concrète. Pour aller plus loin, il existe bien entendu les hackathons, les concours, les levées de fonds etc. Il est cependant dommage que les étudiants des écoles de design ne soient pas encore suffisamment sensibilisés lors de leurs cursus aux questions de business model et accompagnés lors de leurs études dans le développement concret de leurs projets pour promouvoir leur savoir et l’utilité de la pratique du design dans des milieux dont le besoin n’est plus à démontrer. »
Ce travail est particulièrement intéressant car il est orienté patient. Elise a intégré la partie sensible que le design se doit d’apporter dans ses projets.
Je souhaitais revenir sur le dernier paragraphe. Effectivement l’information sur les business modèles, les statuts, la partie économique et droit du travail et des projets reste limitée pendant les études. Néanmoins je ne sais pas si c’est le plus important, car en effet, il s’agit des études, et les étudiants ne doivent pas être trop contraints. 
Par ailleurs, je regrette un peu cet engouement que l’on voit dans de nombreuses écoles (pas seulement de design) qui poussent leurs étudiants à monter des entreprises sur des projets de fin d’étude, c’est une aventure difficile qui ne correspond pas toujours au savoir faire du créatif. On en reparle bientôt 😉
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